TROUSSPINETTE !! (Trouspinette, Troussepinette)

Il y a quelques semaines, manquant de bois de chauffage, j'appelle Marcel, un gars du village à la retraite, qui propose du bois qu'il coupe et fait sécher.

Le lendemain, il passe avec son express, et on commence à décharger le bois ensemble. Je lui propose, pour les autres voyages, de venir avec lui pour l'aider à charger, et v'là qu'on commence à discuter. Le gars est garde-chasse aussi, donc il connaît quelques trucs pas mal sur les animaux du coin, et sur le terrain.

A l'avant-dernier chargement, sachant que je ne détestais point lancer quelque rouge liquide derrière la cravate, il me propose un coup à boire, que j'accepte volontiers. Il lève alors le doigt vers le ciel, m'assène un terrible clin d'oeil et me dit "Attend, tu vas voir.".

Je le suis, et le Marcel y m'emmène par son garage vers un espèce d'atelier, ouvre un placard où attendent des verres, et sort du frigo une bouteille. Dessus, une étiquette marquée : "TROUSSPINETTE". On aurait dit du vin, mais une fois versé, c'est plus clair, plus transparent, un très beau liquide framboise. En bouche, c'est un peu comme un ratafia, mais au palais, une véritable merveille, mystérieuse. Un arôme subtil et délicieux s'élève, quelque chose de sauvage et fin à la fois, genre cerise ou kirsch, mais bien meilleur.

Voyant ma mine ravie et emportée par la joie, Marcel lève encore une fois le doigt vers le ciel, en levant cette fois ses sourcils, et dis avec fierté : "Vingt degrés, mon pote, vingt degrés !".

Je l'ai pas travaillé longtemps avant qu'il avoue ce que c'est. En voici la recette :

Au printemps, on prend des pousses vertes d'Aubépine qu'on laisse macérer un mois dans du vin. Puis on égoutte, on filtre, on rajoute de la gnaule et du sucre, et voilà, c'est de la Trousspinette, du vin d'Aubépine.

Mon esprit, sous l'influence du breuvage, fut placé dans une joie fraîche et légère, différente de l'ébriété alcoolique habituelle, et là je m'étais dit : " Le vin, jus de nos vignes, serait-il un moyen d'approcher les autres plantes, et de les boire ? "

Oui, j'en suis persuadé, et d'ailleurs de tels vins ne manquent pas, en France. Alors je regarde autour de moi, et imagine les vins qu'on pourrait faire avec ce qui pousse par ici : vin de mûre, évidemment, vin de pissenlit, vin d'ortie, oui, certainement.

Vin de Chêne, vin de Houx ? Peut-être ...

Vin de Buis, de Lierre, de Belladone ou de Jusquiame ? Faudrait être prudent, et ne point s'empoisonner, mais quelques prudentes recherches pourraient peut-être amener à créer des vins médecinaux, voire des vins magiques, ces plantes ayant longtemps été utilisées par la tradition sorcière, avant que ces dernières n'aient été étouffées par la fameuse chasse, et brûlées au bûcher ...

A vos bouteilles, à vos macérations, mesdames messieurs. Si vous avez des idées, des connaissances, n'hésitez pas, faites-nous en part !!

Commentaires

1. Le mercredi 28 septembre 2016, 17:01 par paul

Merci pour l’info, on va aller faire un tour dessus !

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet