Des Vertus de l'Arrogance

La socialisation, ainsi que les rapports sociaux, en dehors de leur aspect nécessaire, et de leur bienfaits, comportent des mécanismes réducteurs de la personnalité : rabaissement, intimidation. Ces mécanismes se rapprochent des rapports de force animaux, soit entre espèces concurrentes, soit entre mâles, dans des combats visant le territoire, la nourriture, ou l'accouplement avec une femelle, quand ce n'est pas un harem entier.

Chez les humains, l'objet du rapport de force est plutôt l'autorité, le pouvoir, la domination, et lorsqu'on a épuisé les ressources des civilités ou des arguments, il n'est pas rare qu'on ait recours à des pulsions plus animales, donc tombant dans les registres cités plus haut, sauf que l'animal conserve, lui, une élégance que l'humain perd dans ces cas.

L'exemple suivant m'a été offert par un charmant anonyme, escoutez donc :

"On sait où tu aimes mettre le doigt, et le plaisir que tu prends ensuite à le renifler, Tenryu. On constate comment tu excelles à t'engueuler avec tout le monde, à un moment où à un autre, et que tu n'as que ça à nous raconter. Allez, oui, c'est sûr, c'est bien toi le meilleur ! Mais arrête de te compromettre sur le blog des autres, tu es tellement au-dessus du lot...

Mais ton problème, c'est ton narcissisme maniaco-dépressif qui te fait tomber dans tous les pièges de la "colonisation": tu es bardé de tes certitudes, tu veux imposer ton modèle sociétal, ton sentiment de supériorité heurte tes interlocuteurs les mieux intentionnés, et comme internet agit comme une loupe, le phénomène est particuièrement accéléré.

Dans ton intérêt, si tu veux durer, fais une pause."

Ce genre de littérature, bien que sous-tendu par des pulsions animales, utilise le verbe et l'intelligence pour porter un coup et affaiblir la personne adverse. Il serait bien stupide de prétendre n'être point touché par ce langage. En effet, des canaux subtils partent des yeux, des oreilles, et sont directement connectés à la ligne qui va du coeur à la gorge. De telles paroles entrent donc en nous, et il y a comme un choc dans la zone du torse.

Si on laisse les choses dans cet état, il y a une déformation du corps interne, comme une carroserie cabossée, et il s'ensuit des blocages néfastes, plus communément nommés "avoir les boules", ce qui n'est pas grave momentanément, mais le devient si on ne décabosse pas son être émotionnel. Nos capacités et notre confiance en nous-même s'en trouveront réduites, et c'était là le but de l'anonyme, ce que l'on nomme intimidation.

Cette littérature quasi-animale contient malgré tout un message, dont il serait dommage de ne point profiter (les meilleurs enseignements viennent de l'ennemi), mais d'abord il faut s'occuper de l'émotionnel, on entendra le message ensuite. Ainsi donc je répond à cet anonyme :

"Eh, pleutre foutriquet, ferme donc ta cloche à fromage !
Lorsque ton courage sera égal à un dixième du mien,
Et que ton énergie au combat sera suffisante
pour me faire face sans masque,
On pourra voir si tu oses ainsi vomir de l'ordure
sans que je te brise séans !
Oui, je tiens ma personne en haute estime,
et au-dessus des chiens galeux de ton espèce,
Oui, mes certitudes, fermes comme les mâts d'un navire magnifique,
me mèneront plus loin que ton chemin misérable
J'ai fait de mes désordres des ornements que les dieux me jalousent,
Mon modèle sociétal vaut mieux que cent royaumes richissimes,
Et s'il déplaît aux faibles d'entendre le discours d'un fort,
qu'ils plient et passent sous mon ombre,
Et quand je pisserai sur ta tombe, tu verras qui de nous deux a duré !"

Les canaux étant à présent redressés, je vais vous raconter l'histoire qui m'a amené cet enseignement fort utile. C'est un ami, shaman Français qui me l'a rapportée. Il était en île de Dominique, et alors qu'il était avec un Indien en train de se baigner dans un point d'eau, un Noir, un colosse, y est venu se laver.

Il faut dire qu'en Dominique, les colons Blancs n'ont jamais pu y asseoir leur autorité, les Indiens, petits de taille et fins de corpulence, leur jouaient mille et un tours. Ils ont alors entrepris d'y débarquer des esclaves avec leurs femmes, prenant soin de les choisir imposants et féroces, en escomptant qu'il combattent et réduisent les Indigènes, ce qui n'eut pas lieu. On devine que depuis lors, les tensions perdurent.

Le Noir, une montagne de muscles, s'introduisit donc dans la marre, projetant de l'eau sur son propre corps de manière impressionnante, tel un éléphant, et commença à invectiver avec force et en langue locale l'Indigène, qui devait peser quatre fois moins. Ce géant aurait eu la force d'en briser sans peine plusieurs à la fois et était réellement dangereux. Au grand désarroi de mon ami, qui pourtant ne manque pas de courage, l'Indigène ne bouga pas, et commença à répondre avec la même force. La confrontation gagna en intensité, à tel point que mon ami failli tourner de l'oeil, le colosse continuant de se laver.

Puis à un moment, la tension commença à baisser, jusqu'à ce que le Noir, ayant fini son bain, sorte de l'eau et passe son chemin. L'Indigène, sans du tout être perturbé, lança un regard vers mon ami tout à fait déconfit et lui dit :

"Il ne faut jamais se laisser faire"

Mais ne vous y trompez pas, l'anonyme n'est pas comparable au colosse, et peut-être que bientôt, son identité sera démasquée.

Commentaires

1. Le mercredi 23 mai 2007, 23:53 par mas

aouahou...tu as un bel admirateur ...un ami qui te veut du bien ...

2. Le jeudi 24 mai 2007, 00:11 par Tenryu

Oh abuse pas, Mas ...

Après l'arrogance, l'humilité ...
Ce gars-là n'a pas tout à fait tort, et en vérité lui aussi est un ami, puisqu'il me présente un miroir pour que je me regarde smi3

Sinon moi aussi je te veux du bien mon pote :-D

3. Le jeudi 24 mai 2007, 01:01 par mas

""Après l'arrogance, l'humilité ...
Ce gars-là n'a pas tout à fait tort, et en vérité lui aussi est un ami, puisqu'il me présente un miroir pour que je me regarde ""
je m en doutasi un peu ;-)

4. Le jeudi 24 mai 2007, 09:48 par Jack

Holala...quel suspense!!! Dis donc, il ne manque que des photos pour ton roman!
La suite! La suite! smi1

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