Le Bouddhisme : Qu'est-ce ?

Me situant largement loin de tout prosélitisme, et puisqu'il est connu que nous sommes bouddhistes, il semble adéquat de préciser ce qu'est le bouddhisme, du moins ce qu'il est pour nous. En particulier, pour aller de l'avant dans la discussion entamée avec Alayn, concernant les rapports pouvant exister entre cette spiritualité et l'anarchisme, la précision s'impose.

Un confusion règne souvent à propos des religions et traditions asiatiques. Le bouddhisme n'est pas l'hindouisme. L'hindouisme lui-même est un très vaste courant comportant une multitude de branches pouvant largement différer les unes des autres : l'hindouisme peut principalement être décrit comme l'ensemble des religions hindoues, issues pour la plupart des Vedas, textes datant de quelque cinq millénaires pour les plus anciens, consignant des chants, des visions et des mythes révélés à des sages anachorètes de l'Inde ancienne.

Le Bouddhisme quant à lui est l'enseignement prodigué par Siddharta Gautama il y a 2500 ans. Siddharta Gautama fut un prince dont le père, un roi du nord de l'Inde de la caste des guerriers, l'enferma dans un palais, nourri à tous les plaisirs communs, de peur que ce fils embrasse la vie de renonçant, comme ce fut annoncé par un sage à sa naissance. En effet, le père avait un autre projet pour lui, celui d'en faire l'héritier du royaume. Vers l'âge de la maturité, le jeune prince entreprit, aidé par son valet, des escapades nocturnes, au cours desquels il découvrit les souffrances qu'on tentait de lui cacher : misère, maladie, vieillesse et mort.

Choqué par ce cruel constat contrastant avec sa vie de cour, le prince décida de déserter sa vie de confort et de plaisir pour se consacrer à la vie de renonçant, et, sous la guidance des plus grands maîtres de l'époque, pratiqua assidument les voies d'ascèse les plus drastiques, puis, les abandonnant les unes après les autres parce qu'elle ne libéraient pas de la souffrance, il débuta une méditation introspective personnelle, formulant le voeu de persévérer jusqu'à l'obtention du but, qui prit la forme de l'éveil, la libération. C'est de cette expérience qu'il tient son nom de Bouddha, l'éveillé.

Depuis, il parcourut l'Inde en long et en large, professant son enseignement à qui le souhaitait.

Bien que le bouddhisme, au fil du temps, et à l'occasion de sa diffusion dans divers pays, s'enrichit de cultures et de croyances locales, de même qu'il se fondit avec les spiritualités préexistantes, jusqu'à parfois perdre sa spécificité et se pervertir, l'essence du bouddhisme dans sa pureté originelle et la voie qu'il propose sont encore accessibles aujourd'hui, plusieurs lignées ayant sauvegardé l'essentiel du message de base.

Ce message de base est fort simple. La souffrance, sous toutes ses formes, est un phénomène ayant lieu dans l'esprit. L'esprit, quant à lui, est cet écran immatériel et neutre sur lequel toutes les expériences vont se projeter, qu'elles soient sensorielles, corporelles, perceptives, émotives ou intellectuelles. Sa nature est d'être non-localisé, vaste, non-obstrué, vide et lumineux. A la racine, l'esprit est une béatitude et une félicité sans objet.

Or cet esprit incorporé, lié à une individualité et à un corps, par l'effet de l'ignorance de sa véritable nature, s'identifie aux diverses expériences. A partir de là, un attachement et une attraction se produit vis-à-vis des expériences agréables, et une aversion, répulsion se produit vis-à-vis des expériences désagréables. Ignorance, attachement et aversion sont donc les trois moteurs qui produisent, dans une existence, toutes les formes de souffrance.

La libération est un retour à l'état naturel de l'esprit, par le désamorçage de ces trois moteurs. C'est une compréhension profonde et non-intellectuelle, qui peut soit surgir spontanément, soit résulter d'une méthode de méditation fort simple, qui comporte deux volets. Le premier volet est l'obtention du calme mental, qui débarrasse la vision de l'agitation et de la torpeur. C'est comme une eau boueuse parce qu'agitée, à travers laquelle on ne voit rien : l'eau est amenée à se calmer, et par simple décantation, tout ce qui charge cette eau se dépose, et l'eau devenant claire, la vision peut s'élever.

Le deuxième volet, c'est l'usage d'abord analytique (aidé par l'intellect) puis direct (vision pure) de cette vision rendue possible par la limpidité obtenue par la pratique du calme. Et c'est cette vision des phénomènes intérieurs qui mène à la compréhension libératrice, compréhension non-intellectuelle, non-mentale, encore une fois. L'esprit redécouvrant sa véritable nature, la libération survient sans efforts.

Une fois la libération obtenue, les vicissitudes de l'existence, ainsi que les douleurs ne disparaissent pas, mais simplement, elles n'occasionnent plus de souffrance. Il y a divers stades de libération, mais le stade ultime, la libération totale et complète se nomme "sagesse ordinaire", car en fait elle n'amène rien de spécial, elle n'ajoute ni ne retranche rien à ce que nous sommes réellement, elle met simplement fin à l'illusion, à l'ignorance qui nous fait nous identifier à nos expériences.

Exprimé d'une manière plus vulgaire, c'est comme si nous prenions conscience que ce que nous vivons est semblable à un rêve : cela se produit effectivement, mais nous ne le prenons plus tant au sérieux, pour ainsi dire, et cela ne nous affecte plus, et ne génère plus d'insatisfaction ni de souffrances.

A un niveau pratique, la libération, bien qu'elle soit possible et accessible, est comme un but théorique que nous n'atteignons jamais. Le résultat qu'on peut apprécier, à notre modeste niveau, c'est déjà de souffrir moins, de manière moins intense. La libération diffère en cela du salut, parce qu'elle a lieu ici et maintenant, dans une présence claire, et n'est pas pour un au-delà, dont le Bouddha, si on s'en tient aux formes originelles de son enseignement, ne s'est point occupé, pas plus qu'il ne s'est occupé de la réincarnation, ni de l'existence ou la non-existence de Dieu.

Pourtant, le besoin de croyance et de salut sont si ancrées en l'homme que sans tarder, aux enseignements originels sont vite venus se greffer mille et unes croyances, mais pour ma part je les rejette toutes, et me remet à cette version épurée du message du Bouddha, qui est une méthode simple de libération personnelle accessible à qui le souhaite.

Commentaires

1. Le samedi 2 juin 2007, 17:19 par sam

Salut Tenryu,

Merci pour ce billet très interessant ...
tout ce qui vient souvent se greffer sur la version simple du bouddhisme sème le flou et parfois on ne s y retrouve plus ...
Cela me rappelle une discussion que j avais eu il 4 ans avec un bouddhiste en Malaisie et celle avec un birman ...il avait tout 2 des années de pratique ...
et leur message etait aussi simple que le tien ..."une méthode simple de libération personnelle accessible à qui le souhaite" ...
loin de cela en tant qu occidental, il etait assez fascinant de voir avec qu elle distance et recul les choses graves etaient abordées ...

merci pour ton billet, sans doute un exercice de style pas facile, résumer cela en quelques mots ....

sam/

2. Le samedi 2 juin 2007, 17:59 par Tenryu

Salut Mas (Sam), et merci pour ton témoignage. Je ne connais pas le bouddhisme malaisien, mais le bouddhisme birman est sans doute celui qui est resté le plus proche du bouddhisme originel.
@+

3. Le samedi 2 juin 2007, 18:54 par stef

Bon eh... là c' est point moi qui ais fais fuire ton intervenant " anarcho de mes c..." avec ton "bouddhisme à la c..." !
Faut être réaliste... à non... pragmatique ! :-)
Me censure point s' te plait ! ;-(

4. Le samedi 2 juin 2007, 18:59 par Tenryu

T'inquiète, il reviendra 8-)

5. Le samedi 2 juin 2007, 19:04 par stef

smi3

6. Le samedi 2 juin 2007, 19:13 par mas

la malaisie est avant tout musulmane ...
c'est vrai que l'on ressent beaucoup de chose au contact des birmans ...un long moment passé dans un temple et dans la fameuse pagode Shwedagon à Rangoon reste pour moi des souvenirs inoubliables ....et c est cela a quoi j ai pensé tout de suite en lisant ton texte ...

7. Le samedi 2 juin 2007, 20:04 par Ange Guardien

;-) Sans le savoire, je suis un peu buddhist!!! Merci pour ce billet qui fait reflechir smi1

8. Le samedi 2 juin 2007, 20:26 par Tenryu

Yes, it is often the case to feel that, upon bumping on the teachings for a first time. It's only because they correspond to our innermost nature :-D

9. Le samedi 2 juin 2007, 21:51 par stef

Ouai ouai.... our innermost nature... ;-) smi1
Please don' t censure me for the teachings ! :-) :-D
Si si... j' te f' rais chier jusqu' au bout ! :-C :-D

10. Le samedi 2 juin 2007, 21:58 par stef

Tu la connais point assez ma nature. ;-)

11. Le samedi 2 juin 2007, 22:04 par stef

La plus secrête. :-D

12. Le samedi 2 juin 2007, 22:20 par Jean-Noel

Je suis à la fois content de te lire sur ce sujet (j'attendais cela avec impatience :-D ) et étonné de ton choix de nier toute implication de l'évolution de la société sur le Bouddhisme, en choisissant de revenir aux sources des "enseignements originels" et non de pratiquer des "mouvances" plus actuelles s'interrogeant, entre autres, sur le rôle de la non-violence aujourd'hui par exemple.
Toi qui parait si impliqué dans les échanges sociaux et politiques du coin, les préceptes de base sont pourtant fondamentalement tournés vers les autres...
Pourtant tes dires passés (je ne parle pas de tes actes mais juste des mots que j'ai lu de toi) me paraissent aller dans le sens plus d'un individualisme (hors ta relation avec les animaux qui, au travers de ton regard photographique si pertinent et de tes textes, sentent eux profondément ce "sens de l'univers") et pas de cette notion fondamentale que rien n'est "totalement indépendant d'autrui"
et, du coup, ces dires ne me paraissent pas exempt de "conséquences néfastes" que le bouddhisme récuse (j'en ai subi quelques unes ! LOL )

Je serais curieux d'en savoir plus sur ta pratique quotidienne. Recherche de la "libération" pour toi ou dans le sens qu'elle est utile à l'humanité entière ? et d'où vient pour toi la source du choix d'une religion plutôt qu'une autre ?

En même temps, ma connaissance de cela n'est que livresque et je n'ai jamais eu d'enseignement, tu excuseras donc toute interprétation à côté de la plaque... :-/

13. Le dimanche 3 juin 2007, 13:27 par Tenryu

Je suis bien content de tes questions, Jean-Noël, leur pertinence m'amène à préciser utilement quelques points.

Les évolutions et adaptations du bouddhisme que je récuse, et dont je m'écarte, ce sont celles qui s'éloignent de cet enseignement de base, en le faisant dériver vers des choses que le Bouddha lui-même a écartées, parce qu'elles encombrent la voie spirituelle inutilement.

Par contre, ce n'est pas le cas de toutes les évolutions, loin s'en faut. Plus particulièrement, une foule impressionnante de moyens a été élaborées à travers les âges, par toutes sortes de cultures, et par la proximité avec les autres spiritualités. Ces moyens sont souvent une réponse, ou un antidote aux obstacles nombreux qu'on peut rencontrer dans cette voie.

La tradition où j'ai été formé, la tradition Kagyü se nomme justement "voie de la pratique" (kagyü=pratique) et a rejetté les dicussion philosophiques et métaphysiques, et la somme des antidotes pratiques accumulés pendant des siècles est colossale. Elle trimbale certes des croyances que je rejette, mais il n'en reste pas moins que ces antidotes, ingénieux et puissants pour la plupart, ne se départissent pas de l'expression du bouddhisme tel que je l'ai présenté.

Comme tu le suggère très justement, l'antidote ou le moyen n° 1, à la fois pour soi-même et pour les autres, est la compassion, le soucis des autres avant soi-même, qui comporte une multitude d'avantages, à tel point que la pratique de la compassion peut presque remplacer la méditation en deux volets dont j'ai parlé. Je dis presque car elle fait presque tout, sauf amener la vision profonde et pénétrante qui nous fait découvrir notre propre nature avec clarté.

Mais elle fait presque tout quand même, parce que les obstacles de colère, jalousie, orgueil, malveillance et autres de cette sorte obscurissent tant notre vision, qu'en les désamorçant, on recouvre une grosse partie de celle-ci. La compassion n'entame cependant pas l'ignorance de base, celle qui nous rend aveugle à notre nature véritable. Donc le couple irréductible, celui qui garanti l'éveil complet, c'est le couple compassion/sagesse, ou le couple compassion/vision pénétrante.

C'est ce qui distingue les écoles du petit véhicule de celles du grand véhicule, le fait que ces dernières mettent un accent particulier sur la compassion, qui était déjà présente dans l'enseignement du Bouddha, mais pour ce dernier, la méditation et la découverte du non-soi étaient la pratique de base.

Par ailleurs, la compassion, si elle est intense et réelle, est la meilleure motivation à avancer sur sa voie personnelle, car évidemment cette voie est fort difficile, et souvent pour soi-même on serait tenté de laisser tomber, alors que si on prend conscience de l'intensité des souffrances d'autrui, on n'a pas de peine à faire tous les efforts qu'on peut.

Le problème, la dérive de la compassion, peut être de commencer à s'occuper exagérément des autres, de la société et du monde, en oubliant de s'occuper de notre propre cas, et ça peut devenir lourd pour les autres, et représenter une forme d'agression masquée.

Quand on oeuvre à sa propre libération, on oeuvre aussi pour les autres, dans le sens que l'influence qu'on aura au sein de ce monde s'en trouvera bénéfique. Quelque soit l'école concernée, si elle est authentique, c'est la position qui prévaut, c'est le meilleur moyen d'aider ce monde à aller moins mal. C'est dans ce sens que le prosélytisme est déconseillé dans le bouddhisme.

Pour en venir à mon propre cas, il ne doit pas être pris en exemple, je suis un bien mauvais bouddhiste. Et puis ce n'est pas parce qu'on est bouddhiste que notre caractère s'en transforme aussitôt; et devenir mielleux, naïvement gentil et refouler ses émotions n'est pas un contact authentique. Et puis on peut dire qu'avant de pratiquer le bouddhisme, j'étais bien pire (je te laisse imaginer :-D )

Les animaux ont un sens très fin du coeur, parce qu'ils ne sont pas encombrés par le mental comme les humains, ils sentent bien ce qu'on dégage, malgré leur instinct de défense qui les rend difficiles à approcher.

J'ai souvent trouvé plus de coeur dans la bagarre que dans la politesse bienséante, le contact s'établi plus profondément après une franche confrontation. Si le coeur est là, les "conséquences néfastes" s'évanouissent bien vite, alors que le refoulement garde le fiel pour des années. S'exposer aux autres sans honte, c'est aussi permettre à nos défauts de surgir des limbes de notre inconscient, les rendre visibles, et pour peu qu'on garde une oreille aux retours que ça peut occasionner, le bénéfice n'en est pas négligeable.

Je serais bien en peine de décrire ma pratique avec précision, mais dans le cadre qui nous occupe, je ne fais plus la différence entre moi et les autres, je pratique, point. Comme tu le dis, il faut faire attention aux mots, aux logiques livresques qui n'ont pas le goût de la réalité. Pratiquer "pour sa propre libération" est une impasse si on la prend au sens littéral, car la croyance en un soi séparé du reste est la source de cette ignorance qui voile notre nature, pratiquer "égoïstement" reviendrait à la renforcer, alors que le non-soi, la découverte que tout est lié et non séparé, est la première libération, celle qui ouvre à la vastitude de notre monde.

Pour finir, l'individualisme n'est pas l'égoïsme, pour moi il naît de la constatation que le seul espace où on peut réellement exercer ses convictions, et où on a un vrai pouvoir, est l'espace individuel, qu'on soit occupé à ses propres activités, ou à des activités sociales ou d'aides diverses. Le bien, tel que je le conçois, je le pratique dans mon espace individuel, sans l'imposer aux autres, ce qui ne m'interdit pas des rapports nombreux et fournis.

"Charité bien ordonnée commence chez soi" tu dois connaître. smi3

C'est un long chapitre sur lequel je reviendrai sans doute. L'individualisme n'existant pas dans les pays d'où je viens, je l'ai longtemps confondu avec l'égoïsme, et ai mis longtemps à le comprendre. Or c'est un pendant de la liberté qu'en Orient on a tant de mal à introduire, et qui permet une évolution fulgurante des individus. Or une société n'évolue pas si les individus qui la composent n'évoluent pas, surtout de nos jours, où la diversité des convictions est forte.

14. Le dimanche 3 juin 2007, 13:46 par Tenryu

Sinon pour le choix d'une religion, je n'ai pas choisi. Depuis que mon arrière Grand-père, prêtre marié, m'a baptisé, je suis chrétien, et n'ai pas cessé de l'être, à ma manière. Le Christ est le plus bel homme que cette terre ait porté, et je l'invoque souvent.

Par ailleurs, je me suis intéressé à l'islam, que j'ai pratiqué à un moment, et au Coran, que j'écoute et récite en langue Arabe.

Mais ce qui m'a attiré vers le bouddhisme, c'est la méthode simple, l'analyse profonde et claire, la connaissance des phénomènes du corps, de l'énergie et de l'esprit.

J'ai fait la fac de philo, et ai été impressionné par les philosophies anciennes, mais dont nous n'avons que les aspects exothériques, et non les aspects ésothériques ou pratiques, dont les lignées de transmission ont pour l'immense part été interrompues.

J'ai étudié le bouddhisme principalement à Kagyü-ling, en Bourgogne. Les chemins qui m'ont mené vers ce lieu, lectures, études de philosophie, etc... présentaient toujours d'autres époques, d'autres cultures, et je ne faisais que languir, avec un sentiment d'inadaptation au monde moderne.

Là, cependant, c'était bien ici et maintenant, dans le pays où je vivais, et bien des gens qui parlaient la même langue, partageaient le même monde.

15. Le lundi 4 juin 2007, 13:53 par Jean-Noel

Je sens mieux dans tes précisions à la fois les influences spirituelles multiples qui t'aménent au choix de "pratique", mais aussi ta vision de la relation aux autres, à la fois violente par ta nature (afin de ne pas masquer, idéaliser ou tromper) et tempérée (par ton choix de "croyance")..
Ce que je peux comprendre au travers de ma propre curiosité pour les religions et croyances du monde, généré pour ma part par le nom que je porte, et qui m'a forcément amené à une spiritualité mais moins orientée...
Au travers de cette discussion, pourtant tout cela m'apparait aussi comme un luxe aujourd'hui...
Avoir un tel recul sur ce que l'on "croit", c'est aussi avoir une grande culture et une connaissance des choses du monde qui n'est pas donné à tous, malheureusement... D'où cette volonté "d'emporter" les autres avec soi.
Alayn, sur d'autres commentaires, pourrait considérer cela comme un état de "Mouton", n'empéche que cela me parait comme des choix conscients, bien lointains de manipulations de masses comme les croyances ont pu l'être un temps...

Quand Bakounine dit :
"L'existence de Dieu implique l'abdication de la raison et de la justice humaine, elle est la négation de l'humaine liberté et aboutit nécessairement à un esclavage non seulement théorique mais pratique"
C'est vrai en 1867, aujourd'hui nos choix de spiritualité me paraissent emprunt de la liberté de la connaissance et sont uniquement là pour nous tirer vers le haut...
(Entre parenthése, ce que je prefere quand tu tentes de le faire dans les billets de ce blog au lieu de te complaire au ras des paquerettes... smi4 )

16. Le lundi 4 juin 2007, 15:10 par Tenryu

Oui, d'accord avec toi, Jean-Noël.

Et de même, si l'anticléricalisme fut, au temps que tu évoques, une marque, et une nécéssité de liberté, il m'apparaît aujourd'hui comme une marque de l'état de mouton, comme une obéissance à une pression conventionnelle, une pression de groupe.

Si on est communiste, anarchiste, ou résolument républicain laïc, on se doit par conformité d'être anti-religieux, anti-clérical, alors qu'en vérité on se coupe de cultures qui pourraient nous aider à mieux nous connaître nous-même.

Mais bon, ne généralisons pas, je parle de tendances, et je sais bien que même Alayn, ou d'autres anarchistes de ma connaissance (dont ma douce compagne), ne sont point si fermés à leur propre réalité spirituelle.

J'en profite pour souligner que cet état des choses est particulier à l'Europe Occidentale, puisqu'au Moyen-Orient, et bien que l'islam ait connu et connaisse des dérives, ce dernier n'a jamais formé église, et n'a jamais servi les états au point où il l'a fait en Europe. Ce qui fait que là-bas, la chose spirituelle, même pour ceux qui s'en désintéressent, ne provoque pas la même répulsion qu'on peut observer ici.

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