Ciao 93

En fin de compte, ce blog étant le récit de notre migration, il n'en est qu'à sa moitié, puisque cette halte à Aubusson n'est qu'une étape, où se sont néanmoins profilés quelques éléments majeurs pour le futur.

Et à vrai dire, nous ne connaissons pas encore la Creuse, nous n'avons exploré qu'Aubusson, en touristes, et quelques proches alentours. Nos sens sont en attente, nos avancées prudentes, car nos bases ne sont encore établies nulle part, et sont en quelque sorte en suspension. Nous ne sommes pas comme le voyageur qui aurait un foyer auquel retourner, ni comme le voyageur qui n'a nul attache fixe, plutôt entre les deux.

Ce n'est qu'en nous posant sur les terres où nous demeurerons à présent, qu'en faisant nôtre cette fermette de pierres jaunes, que nous pourrons établir le centre à partir duquel rayonner, explorer, prendre contact convenablement. Cette étape d'installation est d'une grande importance, puisque c'est au début des situations que se concentrent toutes les graines de l'avenir, ainsi que les manières qu'ils auront de germer, de croître, et de traverser les difficultés de la vie. En quelque sorte, c'est une première concrétisation, embrillonnaire, des potentiels. Il s'agit donc de veiller à n'oublier aucune facette, et de rester ouvert aux nouveautés de la vie en campagne.

Par ailleurs, nous arrivons étrangers, ce qui n'est pas neutre. Etrangers à ces murs, à cette nature qui a reconquis le terrain, étrangers aux végétaux, aux animaux qui l'habitent, étrangers aux voisins, et étrangers au long froid de cet hiver. Chaqu'un de ces habitants de ce nouveau monde représente une relation précieuse pour nous, puisqu'elle durera, et puisque sans tarder, nous deviendrons interdépendants. Là aussi, et là surtout, ce sont des graines sur lesquelles veiller.

Heureusement, pour la partie d'habitation, seuls quelques travaux de peinture seront nécessaires, nous pouvons envisager un emménagement relativement rapide.

Le lieu lui-même est chargé de sa propre mémoire. Les dépendances sont remplies de bois, de paille, d'outils relativement récents, d'autres très anciens, et enfin, de tout un tas d'objets divers et variés. Le fait même de trier soigneusement ce contenu, dont une partie va revivre, est en soi une tâche qui va nous occuper un bon moment. Le bois, en particulier, est présent en quantités impressionnantes, ce qui va nous chauffer probablement quelques années.

Le terrain est tellement encombré par les ronces qu'il est impossible d'y accéder, et pour l'heure, nous n'avons pas pu en voir grand-chose. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a un pommier très vieux, vu sa taille énorme. Jamais je n'en ai vu d'aussi grand.

Un ruisseau coule tout en bas, et avec le puit devant la maison, tout celà laisse imaginer beaucoup de projets, et occasionne une grande joie.

Alors ne vous étonnez pas si ce blog ralentit un peu dans sa rédaction, vous saurez à quoi nous sommes occupé ...

A très bientôt.