Souvenirs de la Der des Der

Visiter les brocantes, chiner lors des braderies, c'est un projet que j'ai eu en arrivant en Creuse, mais que j'ai vite abandonné : trop de tentations, et les achats passionnés finissent (chez moi en tout cas) par prendre la poussière ou aux oubliettes dans des cartons.
Ceci dit hier, j'ai ressorti deux objets jumeaux que ma douce m'avait acheté :



Ces petits vases sont en fait des douilles de gros calibre datant de la guerre de 14-18 très joliment travaillées au marteau.



Comme à présent je sais ce qu'a représenté cette guerre pour la Creuse, qu'elle a littéralement vidée de son sang, ces objets prennent une valeur toute symbolique, qui est celle de transformer le négatif en positif, le moche en beau, le destructif en créatif. Et c'est assez réussi, non ?



Je vais juste redresser un peu les bord tordus, et les polir joliment. Ce sera justement l'occasion de vous montrer en gros les étapes du polissage, un métier en soi.



C'est l'occasion de clamer haut et fort l'inscription du monument aux morts de Gentioux : MAUDITE SOIT LA GUERRE !!

Commentaires

1. Le samedi 6 septembre 2008, 21:47 par Jean-Noel

Fait longtemps que je n'avais pas causé chez vous mais là... ;-)

Ces sont des Obus Hotchkiss de 37 mm,
modèle 1885 du Parc d’artillerie de Paris,
Lot n°124, septembre (9) 1916 pour l'un
Lot n°183, Février(2) 1916 pour l'autre

Il était fabriqué pour l'infanterie (comme on peut le voir avec la marque de la petite grenade enflammée)...
Le canon-mitrailleur de 37 mm est venu en soutien du fameux canon de 75, gloire française du début de la guerre devenu vite périmé face aux canons allemands allant du 76 mm au 245 mm..
Presque 7 fois ceux-là pour le plus gros, on imagine les dégats sur les pauv'gars coincés dans des tranchées !!

Au lendemain de la guerre, vu leur nombre dans certains coins, ces cartouches étaient une matière première facile pour qui manquait de tout... comme tu le dis, une belle revanche que de transformer ça en objet utile

2. Le samedi 6 septembre 2008, 22:56 par Tenryu

Salut Jean-Noël !

Trop fort, merci pour toutes ces infos. Sympa d'être passé par ici.
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Ca me rappelle certains coins de forêts qu'on a traversés à pied lors de manoeuvres à l'armée, à la frontière franco-allemande. C'était surréaliste, on passait souvent à côté d'obus impressionnants, rouillés et certains éventrés, fondus dans la nature ...
On est passés aussi à Verdun, là c'est du délire complet. Le lieu garde quelque chose de très sombre.
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Un jour j'aimerai bien fouiller un peu l'histoire des métaux : on s'aperçoit vite que dès le tout début, une des sources de motivation des recherches était la guerre, comme par exemple quand on est passé du cuivre au bronze, c'était pour faire des glaives qui ne se tordent pas et qui gardent leur tranchant, idem pour le passage au fer, et idem pour la découverte du trempage.
L'issue des guerres était alors dictée par les connaissances métallurgiques de chaque camps et par les réserves en métaux stratégiques. A l'époque du passage au bronze, par exemple, les malheureux qui n'avaient pas d'étain perdaient systématiquement toute bataille avec leurs glaives en cuivre.
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Heureusement que des sources d'inspiration pour travailler le métal, yen a eu d'autres.
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La seconde guerre mondiale ayant un peu occulté la première, on oublie ce qu'a été la der des ders. Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que la première a été l'occasion d'un déluge de feu et de métal qui n'a pas eu lieu avec cette intensité pour la seconde.
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Sinon le mystère reste pour moi comment a fait le gars qui a travaillé ces douilles pour obtenir ce résultat. Techniquement, je vois en gros, mais c'est drôlement difficile (surtout pour le rétrécissement du bas de la douille), et là c'est trop bien fait.

3. Le dimanche 7 septembre 2008, 01:12 par TeTA

Maudite soit la Guerre! Mille et une fois AMEN

4. Le dimanche 7 septembre 2008, 12:59 par Jean-Noel

Pour 10 Millions de morts et 23 Millions de blessés, Mille fois n'y suffiront pas TeTA et y ajouter une n'y changera rien, même si chacun d'entre nous a, au moins, ce un de plus dans sa famille... Maudite soit la Guerre et tout doit être fait pour rappeler les souffrances qu'elle engendre, pour ça aussi que je n'ai pas pu m'empécher de la ramener ici : l'objet est beau mais il est d'abord objet de souffrances !

Pour le travail du métal, faut dire que les gars avaient du temps : c'était souvent fait en attendant dans les tranchées...
Il y a toutes sortes d'objets fait par les poilus avec la récupération du métal d'obus : les briquets sont les plus connus, les vases sculptés aussi mais y'a des coupe-papiers, plaques, insignes, bénitiers... on a même appelé ça "l'artisanat de tranchée", c'est dire !
Ce qui t'intéressera sûrement, Tenryu : les poilus faisaient aussi couramment des bagues avec le cuivre ou/et l'aluminium des fusées allemandes, bagues pour eux ou souvent pour la chérie restée au pays... Tu imagines la charge émotionnelle d'un tel objet !

5. Le dimanche 7 septembre 2008, 13:14 par Tenryu

Oui, j'imagine, et d'ailleurs ça me donne envie de chiner à nouveau, pour me centrer sur cette période. Je suis sûr que sur ebay on voit passer des choses comme ça.
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Sinon je dois avouer que j'ai aussi peu d 'espoir que toi quant à une sagesse générale qui bannirait pour de bon les guerres armées, même si l'humanité montre quelques signes d'évolution et de prise de conscience.
M'enfin ça dépend des moments, disons que dans l'absolu, je garde espoir, mais cet espoir je n'arrive pas à le projeter sur un futur plus ou moins proche.
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Je suis d'accord que ces douilles restent des objets chargés de souffrance, mais après le polissage tu me diras l'effet que ça fait. ;-)
Bon dimanche à tous.

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